Sommet UE-Afrique : l’Europe veut aider à surveiller les frontières africaines

Sommet UE-Afrique : l’Europe veut aider à surveiller les frontières africaines

Bruxelles propose de déployer Frontex au Sénégal et d’établir des contrats avec le « voisinage du Sud » pour mettre à disposition ses moyens de sécurité et de contrôle. Un sommet Union européenne-Union africaine a lieu à Bruxelles les 17 et 18 février.

Et si l’Afrique disposait des drones, des navires et même des personnels européens pour maîtriser ses frontières et endiguer les flux migratoires ? La logique d’externalisation des contrôles n’est pas nouvelle, mais elle a pris un nouveau tour, quelques jours avant le sommet Union européenne-Union africaine qui se déroule à Bruxelles les 17 et 18 février.

Une « occasion unique »

Une semaine avant la rencontre, en pleine présidence française du Conseil de l’UE, la commissaire européenne en charge de l’immigration, la Suédoise Ylva Johansson, a fait au Sénégal la proposition suivante à l’occasion d’un déplacement à Dakar : déployer au Sénégal Frontex, l’agence européenne de protection des frontières, pour aider à lutter contre le trafic de migrants vers les îles Canaries, en Espagne. Ce serait la première fois que Frontex opère en dehors de l’Europe. « C’est mon offre et j’espère que le gouvernement sénégalais est intéressé par cette occasion unique », a-t-elle vendu. Les discussions sont déjà bien avancées, et un accord pourrait être finalisé d’ici à cet été.

Ce « deal » intervient à un moment de bascule des phénomènes migratoires. Les efforts pour enrayer les traversées en Méditerranée centrale, via la Libye, ont entraîné une forte augmentation des tentatives d’accès aux îles Canaries, porte d’entrée dans l’Union européenne située à une centaine de kilomètres de la côte africaine. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 1 200 personnes sont mortes ou disparues en tentant cette traversée l’an dernier. L’ONG espagnole Caminando Fronteras, elle, en dénombre 4 400.Clôture du 6ème Sommet UE-UA : les 6 décisions à retenir - Maghreb Emergent

De la pêche à la lutte contre le trafic de drogue

L’accord pourrait largement dépasser les questions migratoires. La commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager, qui était également présente à Dakar, a déclaré qu’une mission Frontex au Sénégal pourrait également contribuer à la lutte contre la pêche illégale. Les solutions globales vendues au Sénégal doivent aussi servir de vitrine aux autres États africains tentés par ce type de soutien. Fabrice Leggeri, directeur de l’agence Frontex, prône une « approche équilibrée où tout le monde s’y retrouve ».

L’agence européenne de surveillance des frontières a été missionnée par la Commission européenne pour travailler prioritairement avec « le voisinage du Sud », en bilatéral ou collectivement. Cette volonté de rapprochement concerne le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, l’Égypte, et peut-être la Libye, une fois que ce pays privé d’État et en proie à la guerre civile sera stabilisé.

« Nous pouvons trouver des coopérations qui dépassent les questions de l’éloignement, argumente Fabrice Leggeri. Notre fonction de garde-côte peut aider ces pays à détecter des menaces pour lesquelles ils sont moins bien outillés. Il y a des trafics de drogue qui arrivent d’Amérique du Sud sur la côte d’un certain nombre de pays de la côte ouest. Nous pouvons aider contre ces fléaux qui peuvent déstabiliser l’Afrique. »

 

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