Guinée-Bissau : la tentative de coup d’Etat était liée au trafic de stupéfiants, selon le président

Guinée-Bissau : la tentative de coup d’Etat était liée au trafic de stupéfiants, selon le président

L’ancien contre-amiral Bubo Na Tchuto, désigné comme un baron de la drogue par le Trésor américain, aurait été à la tête de la tentative de renversement du régime le 1er février.

Le président de Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, a accusé jeudi 10 février un ex-chef de la marine nationale et deux autres hommes arrêtés dans le passé par l’agence américaine antidrogue (Drug Enforcement Administration, DEA) d’être derrière ce qu’il présente comme la tentative de coup d’Etat avortée du 1er février.

Le président Embalo a cité devant la presse les noms de l’ancien contre-amiral José Americo Bubo Na Tchuto, chef de la marine pendant la première décennie des années 2000, de Tchamy Yala, également ancien officier, et de Papis Djemé. Tous ont été arrêtés après les évènements du 1er février, a précisé le chef de l’Etat.

Il a présenté le coup de force comme directement lié au trafic de stupéfiants. La Guinée-Bissau, petit pays pauvre d’Afrique de l’Ouest, d’environ deux millions d’habitants, est considérée comme une plaque tournante du trafic de cocaïne en provenance d’Amérique latine. Dans un pays où les positions rémunératrices sont rares et disputées, nombre de membres des forces armées, omniprésentes, passent pour être impliqués dans les trafics.

La Guinée-Bissau a été le théâtre, il y a dix jours, d’un énième coup de force dans son histoire agitée, depuis son indépendance – reconnue par le Portugal en 1974. Le Palais du gouvernement, siège des ministères, a été attaqué ce jour-là par des hommes armés pendant que le président et les membres du gouvernement y tenaient un conseil des ministres. Le président était sorti indemne après des heures d’échanges de tirs, lesquels ont fait onze morts, selon le gouvernement.

Un baron de la drogue

« Je ne dis pas que ce sont les politiciens qui sont derrière ça, mais la main qui porte les armes, ce sont des gens qui sont liés aux grands cartels de la drogue », a souligné le président Embalo, avant de citer les noms des trois hommes. Il a rappelé que tous trois avaient eu maille à partir avec la justice américaine.

Ils avaient été arrêtés en avril 2013 par des agents des services antidrogue américains à bord d’un bateau dans les eaux internationales au large des côtes ouest-africaines. Selon la justice américaine, ils avaient négocié au cours des mois précédents, avec des enquêteurs américains se faisant passer pour les représentants de narcotrafiquants sud-américains, l’importation en Guinée-Bissau de cocaïne, qui aurait ensuite été redistribuée en Amérique du Nord ou en Europe.

José Americo Bubo Na Tchuto avait été désigné comme un baron de la drogue par le Trésor américain. Il avait été condamné en 2016 à quatre ans de prison à New York. Tchamy Yala et Papis Djemé avaient été condamnés en 2014, à New York également, à cinq et six ans et demi de prison. Ils sont depuis rentrés en Guinée-Bissau.

Le président Embalo a rapporté qu’alors qu’il était coincé à l’intérieur du Palais du gouvernement et que les combats faisaient rage dehors « Bubo était déjà à l’état-major de la marine et en uniforme militaire. A un certain moment, j’ai entendu un des assaillants dire : “Attendez, on va l’appeler pour qu’il nous envoie des renforts” ».

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