Le coronavirus va faire chuter les transferts d’argent vers les pays pauvres

Le coronavirus va faire chuter les transferts d’argent vers les pays pauvres

Autre conséquence de la pandémie de Covid-19, les transferts d’argent des expatriés vers leur pays d’origine vont chuter de 20% cette année, selon un rapport de la Banque mondiale publié mercredi. Ces sommes que les travailleurs migrants envoient à leurs proches constituent pourtant une ressource financière cruciale pour certains pays.

Pour certains pays comme le Soudan du Sud, Haïti ou le Népal, les sommes envoyées par les travailleurs migrants dans leur pays d’origine représentent jusqu’à un tiers de l’économie. Mais cette année, les transferts d’argent ne devraient pas dépasser les 445 milliards de dollars contre 554 milliards en 2019. « Une source vitale de revenus » pour ces pays donc, rappelle le président de l’institution David Malpass dans le communiqué.

Une chute « largement due à une baisse des revenus et de l’emploi des travailleurs migrants, qui ont tendance à être plus vulnérables (…) lors d’une crise économique dans un pays d’accueil », explique la Banque mondiale dans un communiqué.

« Nous devons être plus solidaires »

« Avec cette crise sanitaire, forcément il y a beaucoup de gens qui sont au chômage technique. On ne sait pas si dans deux mois, trois mois, quatre mois on va reprendre le travail sachant que la communauté haïtienne est très frappée par cette crise sanitaire, surtout en Ile-de-France et dans le 93, où il y a beaucoup de gens confinés à la maison, malades, et nous avons beaucoup de chauffeurs de taxi haïtiens qui se trouvent hospitalisés, explique Samuel Colin, président de l’association Haïti plus juste, qui confirme que les transferts d’argent des Haïtiens vivant en France ont effectivement diminué. Beaucoup de décès aussi. Cela crée une situation de crainte qui pousse à ne pas être trop généreux. Cette baisse des transferts va créer encore beaucoup plus de difficultés en Haïti. C’est à ce moment-là que nous, les acteurs de la diaspora, devons être plus solidaires avec nos familles qui se trouvent en Haïti. »

Faute de travail dans une économie à l’arrêt, les membres des différentes diasporas, parfois sans papiers et donc totalement sans ressources, ne sont en effet plus en mesure de soutenir les familles restées dans le pays d’origine. « Il y a pas mal de personnes qui ne sont pas en règle qui font vivre des familles entières au Mali, souligne Baïdy Dramé, président du Conseil supérieur de la diaspora malienne de France. Quand elles ne travaillent pas, tu n’as pas de source de revenus. Elles ne sont pas inscrites aux Assedic. Même pour ceux qui travaillent, ça devient plus compliqué. La diaspora représente pas mal de choses, c’est le pilier de milliers de familles au Mali. Une partie de l’économie est basée sur les transferts, donc une baisse de la manne financière de la diaspora c’est catastrophique. Nous sommes en contact avec pas mal de nos compatriotes. Ils disent que la situation devient très critique. »

La situation pour les pays pauvres est d’autant plus délicate que ces transferts d’argent vont représenter une part encore plus importante dans l’économie de ces pays, en raison de la baisse significative attendue des investissements étrangers: plus de 35%, soulignent les auteurs du rapport.

Source : RFI

Comments (0)

Write a Comment