« On est ici sur la terre des présidents », s’amusent à répéter, samedi 6 novembre, Anne Hidalgo et son équipe, en campagne en Corrèze, entre Brive-la-Gaillarde et Tulle. La terre de Jacques Chirac (1995-2007), bien sûr, mais surtout, pour ce déplacement, celle de François Hollande (2012-2017). La candidate du Parti socialiste (PS) à l’élection présidentielle est ici chez lui. Venue glaner le soutien public de l’ancien président de la République, elle a battu le pavé en sa compagnie, toute la journée. L’occasion pour la maire de Paris d’unifier son camp et de s’afficher sur le terrain, loin de la capitale.

Premier rendez-vous au marché de Tulle. Il est 9 heures, François Hollande accueille Anne Hidalgo. Sous le regard des caméras, au milieu des étals de la place de la gare, l’ancien chef de l’Etat réaffirme son soutien. « C’est d’une certaine façon un passage de témoin », déclare-t-il. Des mots et une image attendus, pour ces premières retrouvailles depuis la déclaration de candidature de la maire de Paris, à la fin de septembre. « Venir ici, c’est déjà gagner ! », insiste-t-il, avant qu’Anne Hidalgo, tout sourire, lui réponde : « C’est pour ça que je suis là. »

Face aux questions sur le début difficile de campagne de la candidate, l’ancien président insiste : « La campagne n’a pas encore commencé ! Anne a encore le temps pour convaincre les Français. » Peu importent les enquêtes d’opinion à 5 %, c’est même « très bon signe », appuie-t-il, en clin d’œil à ses propres sondages, loin d’être au plus haut, plusieurs mois avant sa victoire de 2012.

La rencontre entre les deux ténors du PS s’est faite grâce à un événement fortuit : la tenue de la Foire du livre à Brive-la-Gaillarde, où tous deux sont venus signer leurs livres respectifs dans l’après-midi. La manifestation littéraire corrézienne offrait l’occasion parfaite : jusqu’ici François Hollande, que la candidate a vu plusieurs fois à son bureau de la mairie de Paris, avant de lui rendre visite dans ses bureaux de la rue de Rivoli la semaine dernière, n’avait pas adressé de soutien médiatique direct à Anne Hidalgo. Certains au parti et dans l’entourage de la candidate reprochaient un manque de clarté.

« Rassembler le camp social-démocrate »

Anne Hidalgo est donc venue chercher un geste symbolique, deux semaines après le grand meeting de Lille, le 23 octobre, où elle a recueilli le soutien de Martine Aubry et de Bernard Cazeneuve. Tout l’enjeu était de montrer sa capacité à « rassembler le camp social-démocrate » derrière elle, en s’affichant aux côtés du dernier président socialiste, dans le fief où il fut maire de Tulle (2001-2008), député (1997-2012) et président du conseil général (2008-2012). Pour François Hollande, c’est aussi un moyen de montrer que son expérience au pouvoir doit être source d’inspiration et de conseils pour le camp de la « gauche de gouvernement », malgré les critiques.