Naufrage au large de la Mauritanie, au moins 62 migrants noyés

Naufrage au large de la Mauritanie, au moins 62 migrants noyés

C’est le pire naufrage depuis le début de l’année sur la route des migrations longeant la côte atlantique. L’embarcation a chaviré au large de Nouadhibou.

Une embarcation de fortune transportant des migrants a fait naufrage mercredi au large des côtes de la Mauritanie. Un précédent bilan faisait état de 58 morts. Mais cinq nouveaux corps ont été rejetés par la mer jeudi au lendemain du désastre, portant le nombre des victimes à 63, selon une source sécuritaire.

L’Organisation internationale pour les migrations a, quant à elle, fait état de 62 décès, dans le pire naufrage, survenu selon elle en 2019, sur la route des migrations longeant la côte Atlantique.

La mort de ce groupe – des Gambiens dans la très grande majorité, selon leur capitale – après une semaine en mer à bord de ce que les Mauritaniens ont décrit comme une embarcation de fortune est un rappel de plus des risques que prennent des milliers d’Africains pour tenter de rallier l’Europe pour un mélange de raisons économiques, sociales ou politiques, et du coût humain de ces migrations.

Partis la semaine dernière de Gambie

Le bateau était parti le 27 novembre de Gambie, petit pays de deux millions d’habitants, l’un de ceux qui connaissent le plus de départs en Afrique. Il tentait de gagner les îles Canaries, territoire espagnol et porte d’entrée vers l’Union européenne. Les survivants ont raconté aux employés de l’OIM qu’au moins 150 personnes avaient pris place à bord, dont des femmes et des enfants, et que le bateau n’avait plus assez de carburant alors qu’il approchait de la côte.

« L’embarcation a heurté un rocher en pleine mer, elle a commencé à prendre l’eau et le moteur s’est désagrégé. Ils n’étaient pas très loin du rivage, mais une forte houle les a empêchés d’atteindre la côte en bateau », indique une source sécuritaire mauritanienne. « Ils n’avaient plus de vivre à bord, ils avaient faim, ils avaient froid, donc ils ont quitté l’embarcation à la nage », explique la même source.

Le naufrage s’est produit à quelque 25 km au nord de la ville de Nouadhibou, à proximité de la frontière avec le Sahara occidental. Les blessés ont été transportés à l’hôpital de la ville. Les autorités mauritaniennes ont pris contact avec les services consulaires de Gambie et l’ambassadeur gambien est attendu sur place. Les victimes ont été enterrées près de Nouadhibou dans la nuit, sans attendre, selon les prescriptions musulmanes, et sans être identifiées.

Des femmes et des jeunes gens

« Nous savons que cette embarcation de fortune transportait entre 150 et 180 personnes, dont des femmes et surtout des jeunes âgés de 20 à 30 ans », indique pour sa part le ministère mauritanien de l’Intérieur. « Cette situation rappelle, s’il en est besoin, la tragédie que cause le phénomène de l’immigration clandestine, qui décime la jeunesse africaine. Elle interpelle sur la nécessité de conjuguer les efforts pour endiguer cette spirale mortifère », relève le ministère.

« Les autorités mauritaniennes coopèrent de façon efficace avec les agences présentes à Nouadhibou », a déclaré Laura Lungarotti, cheffe de mission de l’OIM en Mauritanie. « Notre priorité est de prendre soin des survivants et de l’apporter l’aide nécessaire », a-t-elle ajouté.

La route de l’Afrique de l’Ouest, par mer ou par terre, fut l’une des voies de migration privilégiées au milieu des années 2000. Les mesures prises par les autorités espagnoles ont réduit le flux. Les migrants africains ont davantage emprunté la route de la Méditerranée pour gagner l’Espagne, la Grèce ou l’Italie à bord d’embarcations de fortune.

Depuis deux ans, cependant, la route occidentale connaît une relatif regain en raison des mesures prises contre la migration transitant par la Libye. La Gambie est un « pays de départ », indique la porte-parole de l’OIM pour l’Afrique de l’Ouest, Florence Kim, pour plusieurs raisons : la pauvreté du pays, l’absence de foi dans l’avenir ou la pression familiale intense, comme au Sénégal voisin.

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