Projet de loi immigration : vers un permis à points pour les étrangers ?

Projet de loi immigration : vers un permis à points pour les étrangers ?

Dans le projet de loi Immigration, la majorité pourrait introduire un permis de séjour à points en fonction du diplôme et de la maîtrise de la langue française du demandeur, faisant écho à une proposition d’Eric Ciotti.

Voter un texte majeur sans recours au 49.3, ce sera sans doute le Graal du quinquennat pour Emmanuel Macron. Ainsi, le projet de loi sur l’immigration, qui arrive au Sénat la semaine prochaine, fait l’objet de toutes les attentions. Il devrait, certes, être voté par la chambre haute grâce à l’appui des centristes, mais les discussions à l’Assemblée qui suivront s’annoncent plus compliquées. Aussi un groupe de députés de la majorité a-t-il imaginé glisser un amendement de nature à gagner l’appui de la droite : l’idée d’un permis de travail à points pour les immigrés rejoignant notre sol. Il se trouve que c’était l’une des propositions d’Eric Ciotti lors de la campagne des primaires en 2021. « En ce moment, Ciotti passe beaucoup de temps chez Darmanin, il pourrait se laisser convaincre de voter le texte, ça n’est pas un idéologue comme Retailleau », nous assurait, hier, un député du groupe LR…

Malaise au sein même de la majorité

Mais la tactique politique n’est pas le seul moteur de Renaissance : « Afin que ce projet de loi ne soit pas qu’une accumulation de mesures techniques, il nous faut porter une vision de notre politique migratoire qui ne soit pas uniquement quantitative mais aussi qualitative car lorsqu’on est sur le terrain du quantitatif on marche sur les plates-bandes du RN », nous expliquait, lundi, un pilier de la majorité. Et le même d’ajouter : « Je plaide pour instaurer un permis de travail à points afin de prioriser les critères. Les demandeurs pourraient avoir plus ou moins de points en fonction de leur diplôme, de leur maîtrise de la langue ou de leur origine. L’Allemagne est en train de le faire. Nous devons faire venir des gens qui vont attester des bénéfices de l’immigration, des gens qui travaillent dans le secteur de l’innovation, par exemple. Aujourd’hui, 38% des gens qui arrivent en France ont le brevet ou moins. J’assume le terme d’immigration choisie. »

Selon les têtes pensantes de la Macronie, les critères pourraient ensuite être régulièrement rediscutés au Parlement : « Cela ne doit pas faire l’objet d’une directive du bureau B12 du ministère de l’Intérieur il faut que ce soit décidé de façon transparente c’est ainsi que l’on changera les représentations des immigrés en France », nous assure un député Renaissance. Mais au sein du parti majoritaire tous les élus ne sont pas aussi enthousiastes : « C’est une chose que l’on regarde en effet mais rien n’est encore décidé, ce sera tranché par le groupe » Renaissance, nous expliquait, hier, Mathieu Lefevre, chargé du groupe de travail sur l’immigration. Et d’ajouter : « Moi je ne suis pas convaincu, je pense qu’il y a aussi un travail à faire avec les pays de départ afin de rejeter les demandes d’immigration de travail que nous ne souhaitons pas. »

Pour Le RN et LFI, c’est niet

Si l’amendement était de nature à convaincre le groupe LR, ça ne sera pas le cas du RN : « À part pour les médecins, les soignants ou quelques chercheurs, je ne vois pas, vu le taux de chômage en France, pourquoi on ne formerait pas les Français plutôt que d’aller à l’étranger chercher des gens », nous affirme le député Jean-Philippe Tanguy. Coté LFI même opposition pour des raisons diamétralement opposées : « Ce projet trahit assez bien la philosophie du texte, souligne l’élu de Haute-Garonne Hadrien Clouet, c’est-à-dire une vision uniquement utilitariste, moi ça n’est pas ma conception des choses. »

Outre ce projet d’amendement, le texte prévoit déjà d’accélérer les procédures d’expulsion et de régulariser les travailleurs sans papiers dans les secteurs sous tension. « Il faut aussi mieux repartir les immigrés sur le territoire car le Président s’inquiète de constater que c’est là où il y a le moins d’immigrés que ça vote le plus RN », nous confie un proche d’Emmanuel Macron, lui aussi convaincu qu’une immigration plus qualifiée « ça peut se dealer avec les LR ».

Source : le Monde

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